æs, æris, n.,

¶ 1 airain, bronze, cuivre : ex ære Cic. Verr. 2, 4, 72 ; 94 ; 96, etc., d'airain (bronze, cuivre)

¶ 2 objet d'airain (bronze, cuivre): ære ciere viros Virg. En. 6, 165, entraîner les guerriers aux sons de l'airain [trompette] ; Corybantia æra Virg. En. 3, 111, l'airain (les cymbales) des Corybantes ||
(telum) ære repulsum Virg. En. 2, 545, (trait) repoussé par l'airain du bouclier ; æra fulgent Virg. En. 7, 526, l'airain [les armes] resplendit ||
legum æra Cic. Cat. 3, 19, l'airain des tables des lois ; in æs incidere Cic. Phil. 1, 16, graver sur l'airain ||
donarem... meis æra sodalibus Hor. O. 4, 8, 2, je ferais cadeau de bronzes à mes amis ||
æra sudant Virg. G. 1, 480, l'airain des statues se couvre de sueur

¶ 3 cuivre (bronze) servant primitivement aux échanges, aux achats : rude, infectum, métal brut ; signatum, lingot d'un poids déterminé portant une empreinte [primit. celle d'une brebis ou d'un bœuf] : Varro R. 2, 1, 9 ; Plin. 18, 12 ||
[en gén., monnaie de cuivre] : æs grave P. Fest. 98, cuivre en poids, lingot d'une livre [comme as libralis] ; decem milibus æris gravis damnatur Liv. 4, 41, 10, on le condamne à dix mille livres pesant de cuivre [dix mille as], cf. 5, 12, 1 ; 5, 29, 7, etc. ; æris gravis viginti milia Liv. 22, 33, 2, vingt mille livres pesant de cuivre [vingt mille as] ||
[sans gravis] milibus æris quinquaginta censeri Liv. 24, 11, 7, être porté sur les listes de recensement pour une somme de cinquante mille as ; decies æris Liv. 24, 11, 8, [s. ent. centena milia] un million d'as ; argentum ære solutum est Sall. C. 33, 2, pour un sesterce [pièce d'argent valant alors 4 as] les débiteurs payèrent un as [donc un quart de la somme due]

¶ 4 argent [comme pecunia] : Pl. As. 201 ; Aul. 376, etc.; Cic. Rep. 6, 2 ; Sall. J. 31, 11 ; Virg. B. 1, 35 ; prodigus æris Hor. P. 164, prodiguant l'argent ; parvo ære emere Liv. 26, 35, 5, acheter à peu de frais

¶ 5 argent, fortune, moyens : meo sum pauper in ære Hor. Ep. 2, 2, 12, je suis pauvre, mais vivant de mes propres ressources [sans dette] ; æs alienum, argent d'autrui, argent emprunté, dette, ou æs mutuum Sall. J. 96, 2 ; hominem video non modo in ære alieno nullo, sed in suis nummis multis Cic. Verr. 2, 4, 11, je vois que cet homme non seulement n'est pas dans les dettes, mais qu'il est dans les écus abondamment [qu'il est très riche]; alicujus æs alienum suscipere Cic. Off. 2, 56, se charger des dettes de qqn ; habere Cic. Verr. 2, 4, 11 ; contrahere Cic. Cat. 2, 4, ou conflare Sall. C. 14, 2, avoir, contracter des dettes ; solvere, persolvere Sall. C. 35, 3 ; dissolvere Cic. Off. 2, 84, payer une dette ; æri alieno alicujus subvenire Cic. Phil. 2, 36, payer les dettes de qqn ; ex ære alieno laborare Cæs. G. 3, 22, 1 ; ære alieno premi Cæs. G. 6, 13, 2, être accablé de dettes ||
[fig.] ille in ære meo est Cic. Fam. 15, 14, 1, cet homme fait partie de mon avoir, il est mon obligé, cf. Fam. 13, 62 ; virtus suo ære censetur Sen. Ep. 87, 17, la vertu est inscrite au cens d'après ses propres facultés = s'apprécie par sa propre valeur ||
admonitus hujus æris alieni Cic. Top. 5, rappelé au souvenir de ma dette [une promesse non tenue]

¶ 6 argent de la solde : æs militare Pl. Pœn. 1286 ; Varro L. 5, 181, paie militaire ; æra militibus constituta Liv. 5, 2, 3, solde instituée pour les soldats, cf. 5, 3, 4, etc. ; omnibus his æra procedere Liv. 5, 7, 12, [on décide] que pour tous ceux-là une solde coure [qu'ils reçoivent une solde] ; cognoscentur istius æra Cic. Verr. 2, 5, 33, on apprendra à connaître ses services militaires (ses campagnes); ære dirutus [Varr. dans Non. 532] Cic. Verr. 2, 5, 33, privé de sa solde.

↣ dat. abl. æribus Cato Orat. 64, 1 ; Lucr. 2, 636 ||
dat. arch. ære Cic. Fam. 7, 13, 2 ; Liv. 31, 13, 5.