an, conjonction, qui sert à interroger, I interrog. directe A simple ;

¶ 1 [pour reprendre qqch. qui vient d'être dit et en demander une confirmation] mais est-ce que ? : vin appellem hunc Punice ? — an scis ? Pl. Pœn. 990, veux-tu que je lui parle en carthaginois ? — mais est-ce que tu sais ? cf. Amph. 963 ; As. 837, etc.; adeone me delirare censes, ut ista esse credam ? — an tu hæc non credis ? Cic. Tusc. 1, 10, me juges-tu assez extravagant pour croire à tout cela ? — mais n'y crois-tu donc pas ? cf. Tusc. 5, 35, etc. ||
[pour interroger sur la réalité d'une chose] est-ce que vraiment ? est-il vrai que ? [alors dans les comiques an est souvent accompagné de eho, de dic, obsecro, dis-moi, je te prie] : Pl. Mil. 303 ; 822 ; Bacch. 197 ; Trin. 986 ; Most. 445 ; 1064 ; As. 894 ; Merc. 145, etc.; Cic. Quinct. 81 ; Verr. 1, 1, 27, etc. ; [qqf. on trouve anne] Pl. Truc. 666 ; Ter. Andr. 851

¶ 2 [pour opposer une protestation et solliciter une réponse négative] mais est-ce que ? Cic. de Or. 2, 366 ; 3, 18 ; Br. 184 ; Fin. 2, 93 ; Leg. 3, 33 ; Off. 3, 105 ; Phil. 2, 38 ; Att. 14, 11, 1 ; nam quod rogas, ut respiciam generum meum, an dubitas quin ea me cura sollicitet Cic. Fam. 2, 16, 5, quant à la prière que tu m'adresses, d'avoir égard à mon gendre, est-ce que vraiment tu doutes que je ne sois pour lui en souci ? flagitium facimus — an id flagitiumst, si...? Ter. Eun. 383, nous faisons un scandale — hé ! est-ce un scandale que de... ; contra rem suam me venisse questus est ; an ego non venissem contra alienum pro familiari et necessario ? Cic. Phil. 2, 3, il s'est plaint que je sois intervenu contre ses intérêts ; mais ne devais-je pas intervenir contre un étranger en faveur d'un ami et d'un parent ?

¶ 3 [pour fortifier, appuyer ce qu'on vient de dire] est-ce que vraiment : nescio ecquid ipsi nos fortiter in re publica fecerimus ; si quid fecimus, certe irati non fecimus ; an est quicquam similius insaniæ quam ira ? Cic. Tusc. 4, 52, je ne sais si j'ai accompli moi-même quelque acte courageux dans ma vie politique ; si j'en ai accompli, à coup sûr il n'y entrait nulle colère ; d'ailleurs est-il rien vraiment qui ressemble plus à la folie que la colère ? oratorem irasci minime decet, simulare non dedecet ; an tibi irasci tum videmur, cum quid in causis acrius dicimus ? Cic. Tusc. 4, 55, se mettre en colère ne sied pas du tout à l'orateur, mais le feindre ne lui messied point ; par ex., crois-tu vraiment que je sois en colère toutes les fois que dans une plaidoirie je parle avec plus de vivacité que d'ordinaire ? cf. Leg. 5 ; Pis. 10 ; Div. 1, 24 ; Liv. 1, 50, 3, etc.

¶ 4 [pour exprimer une réserve] ou bien par hasard est-ce que ? mane : turbast nunc apud aram ; an te ibi vis inter istas vorsarier prosedas ? Pl. Pœn. 265, attends, il y a foule maintenant auprès de l'autel ; ou bien par hasard veux-tu te mêler à toutes ces prostituées ? cf. As. 524 ; Amph. 1027 ; Men. 961 ; Ter. Andr. 621 ; Haut. 505 ; nisi hoc indignum putas quod...; an quod diligenter defenditur, id tibi indignum facinus videtur ? Cic. Amer. 148, peut-être trouves-tu indigne le fait que... ; ou bien par hasard est-ce le soin qu'on met à le défendre qui te paraît un crime indigne ? an censes ? Cic. Br. 186 ; Att. 8, 11, 2, ou bien par hasard estimes-tu ? an existimas ? Cic. Att. 10, 11, 2, ou bien par hasard crois-tu ? an vero Cic. Arch. 30 ; Font. 23, 30, etc., même sens ||
[surtout fréquent après une interrogation] ou bien alors est-ce que : Cic. Amer. 44 ; Sest. 80 ; Tusc. 1, 112 ; 4, 56 ; 5, 26 ; Verr. 2, 1, 102 ; 2, 119 ; Nat. 1, 77 ; Fin. 2, 60, etc.; an vero Cic. de Or. 1, 37 ; Font. 33 ; Pomp. 33, 44, etc.; an potius Ter. Eun. 382

¶ 5 [pour fournir la réponse à une interrogation] serait-ce que... ? ne serait-ce pas que ? = c'est sans doute que : nolo me in via cum hac veste videat — quamobrem tandem ? an quia pudet ? — id ipsum Ter. Eun. 907, je ne veux pas qu'il me voie dans la rue avec cet accoutrement — pourquoi donc ? serait-ce parce que tu as honte ? — précisément ; cf. Pl. Amph. 690 ; Epid. 223 ; Men. 496, etc. ; quando ista vis evanuit ? an postquam homines minus creduli esse cœperunt ? Cic. Div. 2, 117, quand cette propriété (vertu) s'est-elle évanouie ? ne serait-ce pas depuis que les hommes sont devenus moins crédules ? quid ad se venirent ? an speculandi causa ? Cæs. G. 1, 47, 6, pourquoi venaient-ils vers lui ? n'était-ce pas pour espionner ? cujum pecus ? an Melibœi ? Virg. B. 3, 1, à qui le troupeau ? n'est-ce pas à Mélibée ? cf. Cic. Quinct. 68 ; Phil. 2, 100 ; Ac. 1, 10 ; Tusc. 3, 1 ; Off. 1, 48 ; CM 15 ; de Or. 3, 18 ; [avec ironie] : quid exspectas ? an dum ab inferis exsistat ? Cic. Verr. 2, 1, 94, qu'attends-tu ? qu'il sorte des enfers ? cf. Phil. 3, 19 ; Verr. 2, 3, 186, etc.

¶ 6 an suivi de la parataxe, c.-à-d. portant sur deux propositions juxtaposées dont la première s'oppose à la seconde : an Scythes Anacharsis potuit pro nihilo pecuniam ducere, nostrates philosophi facere non poterunt ? Cic. Tusc. 5, 90, est-ce que, tandis que le Scythe Anacharsis a pu considérer l'argent comme rien, les philosophes de chez nous ne pourront le faire ? (eh quoi ! le Scythe A. a pu... et les philosophes...), cf. Tusc. 5, 42 ; 5, 104 ; Prov. 12 ; Arch. 30 ; Fin. 1, 5 ; Or. 31, etc.; [an vero, même emploi] Cat. 1, 3 ; Domo 79 ; Sulla 32 ; Planc. 41 ; Font. 26, etc. \kern0.5emB [interrog. double ;

¶ 1 1er membre ne, suivi de an] est-ce que... ou bien ? visne totum hunc locum accuratius etiam explicemus quam illi ipsi qui et hæc et alia nobis tradiderunt, an iis contenti esse, quæ ab illis dicta sunt, possumus ? Cic. Or. 174, veux-tu que nous traitions ce point entièrement avec plus de soin encore que ceux-là mêmes qui nous ont transmis ces idées parmi d'autres, ou pouvons-nous nous contenter de ce qu'ils ont dit ? cf. Verr. 2, 3, 106 ; Mur. 89 ; Clu. 82 ; Fin. 2, 102 ; Tusc. 4, 46 ; Fam. 2, 4, 1 ; Br. 294, etc. ||
num... an, même sens : Pl. Pœn. 1315 ; Cic. de Or. 1, 249 ; Mur. 76, etc.; [souvent le second membre introduisant l'idée la plus probable, on peut traduire an par] est-ce que... ne... pas (au contraire, bien plutôt) : num... Cleanthem aut Diogenem Stoicum coegit in suis studiis obmutescere senectus ? an in omnibus his studiorum agitatio vitæ æqualis fuit ? Cic. CM 23, est-ce que Cléanthe ou Diogène, le Stoïcien, ont été forcés par la vieillesse de renoncer à leurs études ? chez tous ces gens-là au contraire l'activité intellectuelle n'a-t-elle pas duré autant que leur vie ? Leg. 2, 5, etc. ||
utrum... an..., est-ce que... ou bien...? Cic. Cæc. 30 ; Amer. 73 ; Com. 16 ; Verr. 2, 1, 147 ; 2, 107 ; Clu. 60 ; Sulla 72 ; Ac. 2, 95 ; Fin. 1, 28 ; Tusc. 3, 5, etc.; utrum... an vero Cic. Verr. 2, 3, 194, est-ce que... ou bien... ? utrum...an non ? Cic. Com. 9, est-ce que... ou non ? ||
[le pronom uter annonçant l'interrog. double] : uter tandem rex est, isne, cui... an is qui... ? Cic. Sulla 22, lequel des deux enfin agit en roi, celui à qui... ou celui qui... ? Cæcil. 65 ; Sest. 109 ; Verr. 2, 3, 84 ; Clu. 106 ; Phil. 13, 12, etc. ||
[aucune particule au 1er membre] : etiam redditis nobis filios et servom ? an ego experior... ? Pl. Bacch. 1167, nous rendez-vous enfin nos fils et mon esclave ou vais-je avoir recours...? Cic. Amer. 74 ; Verr. 2, 3, 45 ; 3, 168 ; Cæcil. 33 ; Fl. 85 ; Mil. 53, etc.

¶ 2 interr. formant parenthèse : obtrectatum esse Gabinio dicam anne Pompeio an utrique Cic. Pomp. 57, on a dénigré, dirai-je, Gabinius ou Pompée ou tous les deux ; Hortensius me quoque, jocansne an ita sentiens, cœpit hortari ut Cic. Ac. 2, 63, Hortensius se mit aussi, par badinage ou sérieusement ? à m'exhorter à ; ego utrum nave ferar magna an parva, ferar unus et idem Hor. Ep. 2, 2, 199, pour moi, que je sois porté sur un grand ou sur un petit navire [riche ou pauvre] je serai toujours le même ||
cum ei Simonides an quis alius artem memoriæ polliceretur Cic. Fin. 2, 104, comme Simonide ou qqn d'autre lui promettait une mnémotechnie ; paucis ante quam mortuus est an diebus an mensibus [mss] Cic. Br. 89, ou peu de jours ou peu de mois avant sa mort, cf. Att. 11, 6, 6 ; Virg. En. 1, 328 ; Cn.~Octavius est an Cn.~Cornelius quidam Cic. Fam. 7, 9, 2, il y a un certain Cn.~Octavius ou Cn.~Cornelius, cf. Att. 1, 3, 2 ; 1, 17, 16 ; 2, 7, 3 ; 7, 1, 9 ; Liv. 28, 43, 3 ; Tac. Ann. 1, 13. etc.

II interrog. ind.,

¶ 1 simple ;

a) après nescio, haud scio, je ne sais pas ; qui scio ? comment sais-je ? dubito, je doute ; incertum est, il n'est pas sûr, an, dans la langue classique, signifie « si ne... pas » : qui scis an tibi istuc eveniat prius quam mihi ? Pl. Most. 58, comment sais-tu si cela ne t'arrivera pas plus tôt qu'à moi ? Pers. 717 ; [ces expr. peuvent souvent se traduire par peut-être] : qui scis an quæ jubeam sine vi faciat Ter. Eun. 790, il se pourrait qu'il fasse sans contrainte ce que j'ordonne ; haud scio an aliter sentias Cic. de Or. 1, 263, peut-être bien as-tu une autre opinion ; de L.~Bruto dubitarim an propter odium tyranni ecfrenatius in Aruntem invaserit Cic. Tusc. 4, 50, touchant L.~Brutus, je serais porté à croire qu'il s'est jeté sur Aruns avec plus d'emportement à cause de sa haine du tyran ; cf. Sen. Ep. 108, 22 ||
[suivi d'une négation, nescio an en lat. class. signifie] peut-être ne pas : haud scio an nulla beatior (senectus) possit esse Cic. CM 56, il se pourrait qu'il n'y ait pas de vieillesse plus heureuse ; haud scio an nihil Cic. Læl. 20, peut-être rien ; id haud scio an non possis Cic. Ac. 2, 81, peut-être ne le peux-tu pas, cf. de Or. 2, 18 ; Off. 3, 50 ; Læl. 51, etc.; [les mss ont haud scio an umquam : Cic. Or. 7 ; ulli Cic. Fam. 9, 9, 2 ; Att. 4, 3, 2 [M] ; ulli Nep. Timol. 1, 1, et les éditeurs rétablissent la négation] ;

b) mais temptas an sciamus Pl. Pœn. 557, tu essaies de voir si nous savons ; quid refert an alia mutis dissimilia habeat Sen. Ira 3, 27, 2, qu'importe (s'il a) qu'il ait d'autres points de différence avec les animaux ; an accincti forent rogitantes Tac. H. 2, 88, leur demandant s'ils avaient leurs épées ; spectare an Liv. 31, 48, 6, rechercher si ; consulti an darent Liv. 45, 20, 6, consultés sur le point de savoir s'ils accordaient ; quærere an Liv. 40, 14, 7, demander si ; M.~Curtium castigasse ferunt dubitantes, an ullum magis Romanum bonum quam arma virtusque esset Liv. 7, 6, 3, M.~Curtius leur reprocha, dit-on, leurs hésitations en demandant si pour les Romains il y avait un bien avant les armes et le courage ;

c) [nescio an a pris l'acception adverbiale et souvent il n'a aucune influence sur le verbe] : Cic. Verr. 2, 1, 125 ; Or. 7 ; de Or. 2, 72 ; Leg. 1, 56 ; Att. 14, 11, 2, etc.; Liv. 23, 16, 16 ; 26, 42, 4 ; [incertum an de même] : Cic. CM 74

¶ 2 interr. indir. double ; ne... an, si... ou si... : si a natura deus aliqui requirat, contentane sit suis integris sensibus an postulet melius aliquid... Cic. Ac. 2, 19, en supposant que qq. dieu demande à la nature si elle se contente des sens comme elle les possède, mais en bon état, ou si elle réclame qqch. de mieux..., cf. Fin. 5, 12 ; Att. 10, 4, 11 ; Mil. 31 ; Phil. 2, 99, etc. ; Cæs. G. 4, 14, 2 ; C. 1, 25, 3, etc.; Liv. 4, 35, 9 ; 8, 40, 2, etc.; rectene an secus, nihil ad nos Cic. Pis. 68, ont-ils raison ou non, cela ne nous importe pas, cf. Off. 3, 11 ||
num... an, si... ou si : Ov. P. 2, 2, 57 ||
utrum... an, si... ou si : Cic. Clu. 26 ; Sulla 48 ; Att. 4, 15, 7, etc. ; Cæs. G. 1, 40, 14 ; 1, 53, 7, etc.; [utrum... anne, même sens] Cic. Or. 206 ; Att. 12, 51, 2 ; [utrum suivi de ne... an, même sens] Quinct. 92 ; Tusc. 4, 59 ; Nat. 2, 87 ; utrum... an contra Cic. Nat. 1, 2 ||
[uter pronom annonçant l'int. double] : utrum esset utilius suisne servire an... Cic. Verr. 2, 4, 73, [se demander] laquelle des deux situations était la plus avantageuse, être sous le joug de leurs compatriotes, ou..., cf. Div. 2, 129 ; Ac. 2, 71 ; Fam. 9, 4 ; Nep. Att. 5, 4 ; Liv. 29, 17, 19 ; 38, 47, 11, etc. ||
[aucune particule dans le 1er membre] : nihil interest nostra vacemus an cruciemur dolore Cic. Fin. 4, 69, pour nous, il n'y a pas d'importance (si nous sommes exempts ou si...) que nous soyons exempts ou accablés de douleur, cf. Phil. 3, 18 ; non crediderit factum an tantum animo roboris fuerit, non traditur certum Liv. 2, 8, 8, ne crût-il pas à l'événement ou eût-il une telle force d'âme, la tradition est incertaine sur ce point, cf. 4, 55, 8 ; 6, 27, 8, etc. ; [an non, ou non] nescio tu ex me hoc audiveris an non Pl. Mil. 1265, je ne sais si tu m'as entendu dire ceci ou non, cf. 1336 ; Cic. Inv. 2, 60 ||
anne au lieu de an : nec æquom anne iniquom imperet, cogitabit Pl. Amph. 173, il ne songera pas si ses ordres sont justes ou injustes ; rogitando sanus sim anne insaniam Ter. Eun. 556, à force de demander si je suis de bon sens ou insensé ; cf. Cic. Ac. 2, 48 ; 2, 93 ; Fin. 4, 23 ; quid de consulatu loquar, parto vis anne gesto ? Cic. Pis. 3, que dire du consulat ? parlerai-je de l'acquisition ou de la gestion ? à ton choix.