cōnscĭentĭa, æ, f. (conscio),

¶ 1 connaissance de qqch. partagée avec qqn, connaissance en commun ;

a) [gén. subj.] : hominum conscientia remota Cic. Fin. 2, 28, toute possibilité pour le monde d'avoir une connaissance de la chose étant écartée (= sans que le monde puisse en prendre connaissance) ; consilia seducta a plurium conscientia Liv. 2, 54, 7, des assemblées qui ne sont dans la confidence que d'un petit nombre ; liberti unius conscientia utebatur Tac. Ann. 6, 21, il n'admettait qu'un seul affranchi dans la confidence ; est tibi Augustæ conscientia Tac. Ann. 2, 77, tu as la connivence d'Augusta ;

b) [gén. obj.] : in conscientiam facinoris pauci adsciti Tac. H. 1, 25, un petit nombre seulement furent mis dans la confidence du crime ; consilia conscientiæque ejus modi facinorum Cic. Clu. 56, les instigations et la complicité dans de tels forfaits ; propter conscientiam mei sceleris Cic. Clu. 81, pour complicité dans mon crime, pour avoir été d'intelligence avec moi dans le crime

¶ 2 claire connaissance qu'on a au fond de soi-même, sentiment intime : mea conscientia copiarum nostrarum Cic. Q. 2, 14, 2, le sentiment que j'ai de nos ressources ; conscientia virium et nostrarum et suarum Liv. 8, 4, 10, la claire conscience qu'ils ont de nos forces comme des leurs ; conscientia quid abesset virium Liv. 3, 60, 6, sentant bien l'infériorité de leurs forces ; victoriæ Tac. Agr. 27, le sentiment de la victoire ||
præcipitis ut nostram stabilem conscientiam contemnamus, aliorum errantem opinionem aucupemur Cic. Fin. 2, 71, vous nous engagez à mépriser l'assurance que nous donne notre sentiment intime pour rechercher l'opinion flottante d'autrui ; salva conscientia Sen. Ep. 117, 1, sans sacrifier mon sentiment intime (mes convictions)

¶ 3 [sens moral] sentiment intime de qqch., claire connaissance intérieure : bene actæ vitæ Cic. CM 9, la conscience d'avoir bien rempli sa vie ; fretus conscientia officii mei Cic. Fam. 3, 7, 6, fort du sentiment que j'ai d'avoir rempli mes devoirs ; optimæ mentis Cic. Br. 250, le sentiment d'avoir eu d'excellentes intentions ; mediocrium delictorum conscientia Cic. Mil. 64, la conscience d'avoir commis de légères peccadilles ; cum conscientia scelerum tuorum agnoscas... Cic. Cat. 1, 17, du moment que, conscient de tes crimes, tu reconnais... ; satisfactionem ex nulla conscientia de culpa proponere Catilina d. Sall. C. 35, 2, présenter une justification tirée du fait de n'avoir pas conscience d'une faute (d'un sentiment de son innocence)

¶ 4 sentiment, conscience [avec idée de bien, de mal] : conscientia animi Cic. Fin. 2, 54 ; Cæs. C. 3, 60, 2, témoignage de la conscience, voix de la conscience ; recta Cic. Att. 13, 20, 4 ; bona Sen. Ep. 43, 5, bonne conscience ; mala Sall. J. 62, 8, mauvaise conscience ||
[abst] bonne conscience : nihil me præter conscientiam meam delectavit Cic. Att. 15, 11, 3 (Att. 12, 28, 2), rien ne m'a fait plaisir à part la conscience d'avoir bien agi, cf. Mil. 61 ; 83 ; Clu. 159 ; Tusc. 2, 64 ; conscientia mille testes Quint. 5, 11, 41, conscience vaut mille témoins ; salvā bonā conscientiā Sen. Nat. 4, pr., 15, en conservant la conscience pure ||
[abst] mauvaise conscience : angor conscientiæ Cic. Leg. 1, 40, les tourments qu'inflige la conscience ; an te conscientia timidum faciebat ? Cic. Verr. 2, 5, 74, ou bien ta conscience te rendait-elle craintif ? cf. Cat. 2, 13 ; 3, 10 ; Leg. 2, 43, etc. ; ex conscientia diffidens Sall. J. 32, 5, défiant par suite de la conscience qu'il a de ses crimes ; ne quis modestiam in conscientiam duceret Sall. J. 85, 26, pour empêcher qu'on n'interprétât ma réserve comme la conscience de mon indignité ||
[d'où] remords : animi conscientia excruciari Cic. Fin. 2, 53, être tourmenté par le remords ; maleficii conscientia perterritus Cic. Clu. 38, effrayé par le remords de son crime ; te conscientiæ stimulant maleficiorum tuorum Cic. Par. 18, les remords de tes crimes t'aiguillonnent, cf. Amer. 67 ; conscientia morderi Cic. Tusc. 4, 45, souffrir des remords de conscience, cf. Off. 3, 85 ; Sall. C. 15, 4.