grăvis, e,

¶ 1 lourd, pesant : gravia navigia Cæs. G. 5, 8, 3, vaisseaux lourds ; gravius onus Cic. CM 4 ; Hor. S. 1, 9, 21, une charge plus lourde ; tunicæ ab imbre graves Ov. H. 10, 138, tuniques alourdies par suite de la pluie ; graves fructu vites Quint. 8, 3, 8, vignes alourdies par les fruits ||
[terre] lourde, grasse : Virg., Ov. ||
[nourriture] lourde : Cic. Nat. 2, 24 ||
[homme] grand et fort, pesant : Virg. En. 5, 447 ||
pesamment armé : Liv. 31, 39, 2 ; Tac. Ann. 12, 35 ||
æs grave, v. æs ; argentum grave Sen. Tranq. 1, argenterie massive

¶ 2 [fig.]

a) grave, de basse [son, voix] : Cic. de Or. 1, 251 ; 3, 216 ; syllaba gravis Quint. 1, 5, 22, syllabe sourde, sans accent [opp. à acuta] ;

b) qui pèse dans la balance, de poids, puissant, fort, énergique : gravis civitas Cic. Fl. 56, cité importante ; gravis et vehemens oratio Cic. Br. 93, parole pleine de force et de véhémence ; auctoritas Cic. Rep. 2, 59, influence puissante ; auctoritate graviores homines Cic. de Or. 2, 154, des hommes ayant plus de poids par leur prestige ; gravis auctor, testis Cic. Pis. 14 ; Fam. 2, 2, répondant, témoin de poids ; causæ graves Cic. Clu. 82, des raisons puissantes ;

c) grave, digne, noble, imposant : oratio non abhorrens a persona hominis gravissimi Cic. Rep. 1, 24, des propos qui ne juraient pas avec le caractère d'un personnage si digne, cf. Cic. de Or. 2, 228 ; Cæl. 35 ; genus epistularum severum et grave Cic. Fam. 2, 4, 1, genre de lettres sérieux et digne ;

d) grave, dur, rigoureux : verbum gravius Cic. Verr. 2, 3, 134, parole un peu dure ; hæc si gravia aut acerba videantur... Cæs. G. 7, 14, 10, si ces mesures paraissaient dures ou cruelles... ; ne quid gravius in fratrem statueret Cæs. G. 1, 20, 1, [il le priait] de ne pas prendre quelque mesure trop rigoureuse contre son frère, cf. Cæs. G. 1, 20, 4 ; gravissimum supplicium Cæs. G. 1, 31, 15, le supplice le plus rigoureux ; gravioribus bellis Cic. Rep. 1, 63, dans les guerres un peu difficiles ;

e) [odeur] violente, forte, pénétrante : Plin. 21, 28 ; 21, 60 ; 25, 118 ; ellebori graves Virg. G. 3, 451, l'ellébore nauséabond ;

f) fort, élevé [comme prix], accablant : grave pretium Sall. d. Non. 314, 25, prix élevé ; grave fenus Suet. Aug. 39, intérêt exorbitant ; gravis annona Suet. Aug. 25, cherté des vivres ;

g) pénible, accablant, malsain : anni tempus gravissimum Cic. Q. 2, 16, 1, saison la plus pénible ; gravis autumnus Cæs. C. 3, 2, 3, automne malsain ; loci natura graves Liv. 25, 26, 7, endroits naturellement malsains ;

h) qui est à charge, pénible, dur à supporter, fâcheux, désagréable, importun : minus aliis gravis aut molesta vita est otiosorum Cic. Off. 1, 70, la vie des gens qui vivent loin des affaires est moins incommode, moins à charge pour les autres ; iis omnis ætas gravis est Cic. CM 4, à eux tous les âges de la vie sont à charge ; velim, si tibi grave non erit... ; Cic. Fam. 13, 73, 2, je voudrais, si ce n'est pas une peine pour toi... ; grave est alicui avec inf. Cic. Fam. 2, 6, 1 ; Att. 1, 5, 4, il est pénible pour qqn de... ; in populum Romanum grave est non posse... Cic. Balbo 24, il est dur pour le peuple romain de ne pouvoir... ; senes odiosi et graves adulescentibus Cic. Rep. 1, 67, vieillards odieux et insupportables pour les jeunes gens

¶ 3 alourdi, embarrassé :

a) agmen grave præda Liv. 21, 5, 8, troupe alourdie par le butin, cf. Liv. 29, 35, 5 ;

b) = gravidus, en état de grossesse : Virg. En. 1, 274, cf. Ov. M. 10, 495 ;

c) accablé, incommodé : morbo gravis (equus) Virg. G. 3, 95, (cheval) accablé par la maladie ; gravis adhuc vulnere Liv. 21, 48, 4, encore incommodé par sa blessure ; gravis ætate Liv. 7, 39, 1, fléchissant sous le poids de l'âge ; ætate et viribus gravior Liv. 2, 19, 6, alourdi par l'âge et par ses forces déclinantes.