ălĭēnō, āvī, ātum, āre (alienus), tr.,
¶ 1 aliéner, transporter à d'autres son droit de propriété : (lege caverent) ne quis quem civitatis mutandæ causa suum faceret neve alienaret
Liv. 41, 8, 12, (qu'ils défendissent par une loi) d'adopter ou de retrancher de sa famille aucun allié en vue d'un changement de cité [pour qu'il pût devenir citoyen romain] ; vectigalia alienare
Cic. Agr. 2, 33,
aliéner les revenus publics ||
[d'où] alienari, passer au pouvoir d'autrui : urbs alienataSall. J. 48, 1,
ville tombée aux mains d'autrui, cf.
Liv. 24, 28, 7
¶ 2 éloigner (détacher), rendre étranger (ennemi) : aliquem a se
Cic. Sest. 40,
s'aliéner qqn ; quædam pestes hominum laude aliena dolentium te nonnumquam a me alienarunt
Cic. Fam. 5, 8, 2,
les fléaux que sont certaines gens qui s'affligent du mérite d'autrui t'ont parfois détaché de moi ; aliquem alicui
Liv. 30, 14, 10 ;
44, 27, 8,
aliéner qqn à qqn ; animos ab aliqua re
Cic. Sulla 64.
rendre les esprits hostiles à qqch. ||
[d'où] alienari, se détacher, s'éloigner, avoir de l'éloignement, devenir ennemi : alienatus est a MetelloCic. Læl. 77,
il rompit avec Métellus ; (animal) alienari ab interitu iisque rebus quæ interitum videantur afferre
Cic. Fin. 3, 16, [selon les Stoïciens] l'animal a de l'aversion pour la mort et pour tout ce qui peut amener la mort ; [d'où] alienatus, a, um, qui a rompu avec qqn, adversaire, ennemi :
Cic. Pis. 96 ;
Sall. J. 66, 2 ;
Liv. 29, 3, 14 ;
(urbes) quæ bello alienatæ fuerant
Liv. 30, 24, 4, (les villes) qui avaient été rebelles (qui avaient fait défection) pendant la guerre ; alienato erga Vespasianum animo
Tac. H. 4, 49, [les soldats] mal disposés pour Vespasien
¶ 3 [en part.] mentem alienare
Liv. 42, 28, 12,
aliéner l'esprit, ôter la raison ; alienata mente
Cæs. G. 6, 41, 3,
avec l'esprit égaré ; alienatus ad libidinem animo
Liv. 3, 48, 1,
égaré dans le sens de [par] sa passion ; alienatus
Sen. Ep. 85, 24,
égaré, qui n'est pas en possession de soi
¶ 4 alienatus ab sensu
Liv. 2, 12, 3,
étranger à toute sensation ; alienatis a memoria periculi animis
Liv. 7, 15, 3,
ayant perdu tout souvenir du danger ; velut alienati sensibus
Liv. 25, 39, 4,
étrangers pour ainsi dire aux impressions des sens
¶ 5 [en médecine, en parl. du corps humain] alienari, perdre tout sentiment, être en léthargie, être paralysé :
Cels. Med. 7, 16,
etc.; in corpore alienato
Sen. Ep. 89, 19,
dans un corps en léthargie.
[d'où] alienari, passer au pouvoir d'autrui : urbs alienata
[d'où] alienari, se détacher, s'éloigner, avoir de l'éloignement, devenir ennemi : alienatus est a Metello